Nathalie RICHARD
Conseillère municipale d'opposition.

Délibération du 1er décembre 2006 : LGV Bordeaux-Irun.

La prise de conscience récente et encore un peu timide pour certains, des conséquences sur le climat, du réchauffement de la planète dont le principal responsable, personne ne le conteste (sauf Claude Allègre), est de toute évidence la diffusion incontrôlée de gaz à effet de serre due à la place prédominante laissée aux transports routiers et autoroutiers, suppose des décisions urgentes et audacieuses en ce qui concerne l'aménagement du territoire.

Vous même, qui ricaniez il y a quelque mois encore lorsque nous alertions ce conseil municipal sur l'urgence de la situation, faites le constat suivant : - je cite la délibération « la croissance du trafic marchandise s’est manifestée par un déséquilibre entre les différents modes de transports terrestres : la route représentant 96% du trafic et le rail ne représentant que 4 % »

outre le fait qu'il est rassurant de constater que même les plus « sceptiques » peuvent changer d'avis…nous sommes tentés d’ajouter : pourvu qu’il ne soit pas trop tard  et surtout pourvu que vos prises de position soient cohérentes s'agissant de tous les projets structurants d'aménagement de notre territoire.

Et là permettez moi d'avoir des doutes ... Le constat de déséquilibre que vous faites s'agissant du transport des marchandises, vous en portez la responsabilité historique : Est il nécessaire de rappeler que partout en France, toute majorité politique confondue, la même revendication résonne : des routes encore des routes !

Il y a pour notre part plus de 20 ans que nous dénonçons le délire et le lobby routier, la France défigurée ; des coûts sociaux et environnementaux exorbitants jamais chiffrés !

Nous proposions une nouvelle politique de déplacement intégrant dés les années 80 l’arrêt de la politique de relance des travaux autoroutiers, l’inversion des priorités budgétaires au profit des transports en commun, le développement du transport combiné pour les marchandises, la mise en place d’écotaxes, revendications auxquelles il faut ajouter aujourd'hui celle de la relocalisation des productions, le développement de circuit courts, un mode de consommation différent et une gestion des stocks responsable qui mette fin au phénomène des flux tendus ou il est moins cher d'avoir ses marchandises qui se promène dans des camions du nord au sud de l'Europe plutôt que de disposer d'un stock suffisant permettant de répondre immédiatement à la demande des clients et consommateurs. Dans ce débat c'est aussi à un autre mode de consommation qu'il faut réfléchir.

Alors quand vous proposez dans votre délibération je cite : «  demander à RFF une étude complémentaire pour l’adossement d’une future ligne au grand contournement » J'ai la réponse à l'une de mes craintes : vos prises de positions ne sont pas cohérentes ! Vous souhaitez que soit développé le transport ferroviaire et vous souhaitez que soit construit un grand contournement autoroutier... cette posture schizophrène nous semble politiquement irresponsable et rejoint une autre posture contestable : celle de la politique dite du "Nimby" dans la langue de Voltaire " pas dans mon jardin"…autrement dit pas de scénario 3 car il passe chez nous, mais chez les voisins une autoroute et une ligne TGV pourquoi pas ! Je vous reconnais cette circonstance atténuante que vous n’êtes pas le seul à souffrir de ces deux syndromes puisqu'il semble que ce soit aussi le cas du président de la Région Aquitaine Alain ROUSSET.

Alors si nous partageons avec vous l'intérêt qu'il y a de développer le réseau ferroviaire entre Bordeaux et l’Espagne, parce que le train est le mode de transport qui a un impact environnemental moindre qu'il s'agisse du transport de marchandises et du déplacement des voyageurs nous avons s'agissant du projet précis qui nous est soumis plusieurs remarques à formuler :

·         le report modal des transports routiers et aériens doit se faire sur le rail sans oublier la réflexion nécessaire d'un report en faveur du « mer routage », la région Aquitaine pouvant être particulièrement novatrice en la matière : son territoire étant totalement ouvert sur la façade atlantique.

·         Les projets ferroviaires structurants de notre territoire doivent se faire au bénéfice d'une amélioration quantitative et qualitative de l’offre de trains régionaux, en particulier pour la desserte péri-urbaine ferroviaire de notre agglomération. Et sur ce point nous posons clairement la question de la pertinence de la Grande Vitesse : les gains en temps souvent limités, les coûts exorbitants liés au développement de cette technologie doivent nous alerter. L'expérience dans d'autres régions du développement de la grande vitesse qui pour pouvoir relier efficacement les grandes métropoles ont aussi eu pour conséquence un service intra-départemental et intra-régional détérioré, pire encore, des lignes de courte distance purement et simplement supprimée. Ce n'est assurément pas la vision de l'aménagement du territoire que nous défendons.

 

Pour conclure, ce projet ferroviaire principalement promu au nom de la croissance, de l’emploi, de la cohésion territoriale de notre région ne nous paraît pas abouti s'agissant de son impact environnemental : à l’heure actuelle cette réflexion n’est pas à la mesure des enjeux des 40 prochaines années. De nombreuses demandes d’études complémentaires ont été formulées entre autres par les Verts du conseil régional, les Verts du Pays Basque. Ces études devront envisager des solutions techniques, déjà mises en oeuvre dans d'autres pays, qui visent à supprimer les nuisances qui peuvent résulter de la réalisation de lignes ferroviaires nouvelles : Attendons le résultat de ces études avant d’émettre un avis à la fois sur l’ensemble du projet et en particulier sur le choix du scénario pertinent s'agissant de l'agglomération bordelaise et soutenons l’association des maires de Gironde qui demande le report d’un mois de la clôture du débat public relatif au projet ferroviaire Bordeaux-Espagne.

 

Dans l'attente, vous l'aurez compris, nous voterons contre votre proposition de délibération.