PATRICK NOUGUES
Villenave d’Ornon le 10 mars 02
à Monsieur le Président de la Communauté
Urbaine
Esplanade Charles de Gaulle
33076 BORDEAUX Cedex.
OBJET : Réseau de bus restructuré à l’horizon 2003
Monsieur le Président,
J’ai assisté le 12 février, en qualité de Conseiller Municipal, à une réunion de travail organisée par la Communauté Urbaine de Bordeaux et la Connex sur le Réseau Bus Horizon 2003. Les responsables de ce projet, après nous avoir exposé les lignes express, circuits et fréquences nous ont laissé un mois pour leur faire part de nos observations et de nos propositions. La Municipalité de Villenave d’Ornon n’ayant pas organisé de nouvelles réunions pour une réponse commune, je me permets au nom des élus Verts de la commune de vous adresser ce courier.
Comme vous pourrez le constater il n’a que le souci de l’intérêt des Villenavais ( y compris celui des automobilistes…) en matière de transport et propose une approche écologique du problème. Il est très vraisemblable d’ailleurs qu’un certain nombres de nos avis ou de nos propositions recouperont celles de la majorité municipale et des autres sensibilités de l’opposition.
Villenave d’Ornon, après des décennies de glorification de l’automobile, est une ville comme tant d’autres qui piétine dans les embouteillages, qui suffoque sous la pollution automobile ( air et bruit ) et qui paye un lourd tribu dans le domaine de l’insécurité routière, notamment les piétons et cyclistes.
Pour en sortir, il nous semble que nous, c’est à dire les politiques mais aussi tous les citoyens devons être décidés à faire reculer la place des voitures en ville.
Il faut engager des opérations de reconquête de la voirie en faveur des transports en commun et des usagers non motorisés.
Ce n’est déjà plus une utopie depuis quelques années dans les pays d’Europe du Nord et plus récemment dans quelques villes françaises importantes.
Le recul de la voiture est une évolution inéluctable. Il y a un tiers de siècle un Président voulait adapter la ville à la voiture…c’est aujourd’hui la ville qui rejette la voiture polluante, bruyante, encombrante, hégémonique. La voiture est la principale responsable du fait de la pollution et de l’augmentation de l’effet de serre, de milliers de morts prématurés…
Si les inconditionnels de la voiture trouvent de moins en moins d’écho au près des différents utilisateurs de la voie publique, il ne faudrait pas commettre non plus l’erreur de "désespérer l’automobiliste" ; ce serait une erreur de se contenter d’opérations ponctuelles visant à bannir la voiture : il faut établir un schéma global de déplacement qui donne clairement la priorité aux transports en commun.
Pour provoquer l’adhésion des usagers, il nous semble que la concertation est irremplaçable.
Sur tous les projets qui touchent à l'urbanisme, à
l'aménagement du territoire, à l'équipement des collectivités, à la
préservation de l'environnement, nous proposons d’appliquer la Charte de la
concertation en matière d’environnement du 5 juillet 1996. Cette charte a
pour objectif :
- de promouvoir la participation des citoyens aux projets qui les concernent,
par l'information la plus complète, l'écoute de leurs attentes ou de leurs
craintes, l'échange et le débat;
- d'améliorer le contenu des projets et faciliter leur réalisation en y
associant, dès l'origine, aux cotés du maître d'ouvrage, le plus grand nombre
possible d'acteurs concernés.
PROPOSITION N°1
Avant d’énumérer nos propositions en ce qui concerne cette restructuration du réseau bus, mais aussi les autres problèmes de déplacements, je voudrais simplement rappeler que l’idée de l’élaboration d’un Plan de Déplacement Urbain est issue de la loi "d’orientation sur les transports intérieurs" du 30 décembre1982. Elle s’est surtout développée après la loi du 30 décembre 1996 relative à "l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie", prise dans une optique de développement durable et en particulier, de lutte contre l’effet de serre, et par conséquent de réduction du trafic automobile.
La finalité des PDU vise à assurer un équilibre durable entre les besoins en matière de mobilité et de facilité d’accès d’une part et la protection de l’environnement et de la santé d’autre part. Il doit assurer la promotion des modes de déplacement les moins polluants et les moins consommateurs d’énergie.
Ses objectifs sont la diminution du trafic automobile, le développement des transports collectifs et des moyens de déplacements économes et les moins polluants, notamment l’usage de la bicyclette et de la marche à pieds…
Il est urgent d’agir !
PROPOSITION N°2
Villenave d’Ornon, 5éme commune de la Gironde avec prés de 30 000 habitants, du fait de sa position légèrement excentrée ne sera desservie par le tramway, ni dans sa première tranche, ni dans la deuxième !
Nous ne pouvons être mis à l’écart ; puisqu’il n’est pas possible que le tramway vienne jusqu’au Pont de la Maye, il nous semble néanmoins comme une évidence que Villenave d’Ornon mérite d’être desservie par un véritable Transport en Commun de Surface en Site Propre. La proposition des deux liaisons Express ne nous paraît pas suffisante.
Notre rôle est de veiller à une amélioration certaine ou rationnelle :
- De l’accessibilité pour les automobilistes en fin de ligne avec stationnement à la journée ( parkings gratuits de rabattement ).
- De dessertes plus fines.
- De fréquences de passages plus élevées.
- D’augmentation de la capacité des véhicules
- De services sécurisés prolongés en soirée.
Pour être attractive l’offre des transports en commun doit assurer rapidité et régularité, ce qui à nos yeux ne peut être incontestablement mis en œuvre que grâce aux voies en site propre et à une priorité aux carrefours réservée aux transports en commun. Nous vous demandons donc, sur les deux lignes Express prévues, d’étudier cette mise en place partout où cela est réaliste. Pour nous être opposés à la construction d’un TCSP enterré à Bordeaux il y a quelques années, nous nous souvenons que trop bien que l’un des principaux arguments des pro-métros était l’impossibilité de " le faire passer en surface "… Les travaux du tramway nous prouvent aujourd’hui que ce qui paraissait impossible hier, peut en fait se réaliser dés lors qu’on en a la volonté politique.
Si la commune ne peut à elle seule prendre ces décisions elle peut peser de tout son poids pour améliorer le service rendu aux usagers : par une répression accrue des stationnements illicites dans les voies réservées, par une politique de communication accompagnée d’une politique tarifaire attractive, afin de faire connaître les réseaux et ainsi dissuader l’utilisation des véhicules particuliers.
PROPOSITION N°3
Elle nous paraît à juste titre un thème très actuel. Elle consiste à permettre aux usagers de passer facilement d’un mode de déplacement à un autre. Encore faut il que les autres moyens de déplacements et en particulier les modes de "circulation douce" puissent exister !
En ville un déplacement sur 8 est inférieur à 500 mètres, un sur 5 est inférieur à un kilomètre, distances sur lesquelles la voiture fonctionne avec un mauvais rendement et avec des pollutions importantes, parce que le moteur est froid. Il faut offrir aux automobilistes des solutions alternatives et attractives.
Ils ne demandent qu’à se développer et pas seulement parce qu’il s’agirait d’un phénomène de mode. Malheureusement, ils rencontrent des obstacles qu’un Conseil Municipal volontariste pourrait lever : l’insécurité et le vol. Il faut réaliser des pistes cyclables, bandes cyclables le long des voies, nettement séparées de la chaussée destinée aux voitures, en prévoyant des feux spéciaux aux carrefours…on doit aussi rechercher la continuité des itinéraires qui doivent passer par les "services" de la commune (écoles, collèges, mairie, gymnases, centres commerciaux, etc.…). En matière de vol, l’aménagement de parkings peut réduire les risques. Nous demandons et c’est notre quatrième proposition :
PROPOSITION N°4
Elaboré conjointement par les services de la CUB, ceux de la Mairie en liaison avec les associations.
Un Conseil Municipal peut se fixer des objectifs : encourager les déplacements à pieds, faire en sorte que la circulation pour une personne handicapée ou, le fait de circuler avec une voiture d’enfants ne soient plus des galéres insurmontables… faire en sorte de diminuer le nombre d’accidents de piétons en particulier des enfants et des personnes âgées. Quelques pistes :
- Faire respecter la limitation de vitesse à 50 km/h, développer les zones 30.
- Définir une largeur minimum de trottoir, 2 mètres dégagés de tout obstacle peuvent constituer la règle. Cette mesure doit être inscrite dans les Plans Locaux d’Urbanisme, lors de sa révision.
- Penser et établir des itinéraires piétons.
- Chasser les voitures des trottoirs.
La municipalité devrait rédiger et adopter une :
PROPOSITION N°5
Elles sont aussi à rechercher et à favoriser : taxis collectifs, co-voiturage par exemple ( la municipalité peut encourager) . Il faut veiller à ce que de grands parkings à la journée, gratuits ou peu onéreux, permettent aux automobilistes de prendre les transports en commun. Notre commune possède déjà des parkings de rabattement intéressants : Espace d’Ornon, collège du Pont de la Maye, il faut informer les Villenavais pour les inciter à les utiliser et étudier la création de nouveaux : Pablo Neruda , Briconautes à Chambéry qui sont en projet mais aussi un au Bourg en intermodalité avec la Gare SNCF.
Voilà les 5 points sur lesquels nous souhaitions intervenir car soit ils n’ont pas été abordés pendant cette première réunion ( point 4 et 5 ), soit il nous semble qu’ils étaient déjà classés sans suite ( point 1 et 2 )…
Pour terminer je souhaite tout de même rappeler quelques points importants qui semblaient faire consensus le 12 février hormis le dernier qui n’a pas été abordé.
Lors de la réunion du 12 février, vous disiez accepter toutes propositions au cours du premier trimestre 2202, le deuxième trimestre étant consacré à l’étude des réalisations possibles. Nous attendons donc une réponse à nos propositions par courrier, fax ou courriel et sommes à votre disposition pour en discuter. Nous souhaitons bien sur participer aux prochaines réunions de travail.
Dans cette attente, veuillez recevoir Monsieur le Président nos sincères salutations.
PATRICK NOUGUES