Sud-ouest 22
Avril
2003
«
Explorons d'autres pistes »
CAFE ECOLO.--
Mercredi soir, au Petit Trianon, les Verts invitent à débattre des solutions
alternatives au nucléaire. Et de leur intérêt pour une municipalité
Dominique Manenc
CAFE ECOLO.
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Jean-Pierre
Dufour. « Les énergies renouvelables ne sont plus anedoctiques »
PHOTO ARCHIVES THIERRY
DAVID
rue
classée.
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Ce n'est pas un hasard si le café
écolo, organisé par les Verts villenavais, se déroule ce mercredi 23 avril,
la veille des débats régionaux sur l'énergie, eux mêmes inscrits dans le
cadre d'un débat national : « Qui sera de toute manière tronqué puisque les
thèmes abordés localement ne donneront pas une vision globale de l'ensemble
des propos tenus », assène Jean-Pierre Dufour, physicien nucléaire, vice-président
Vert du conseil régional. Avec Stéhane Lhomme, président du réseau « Sortir
du nucléaire » et Michel Feyrit, énergéticien, il animera la soirée que les
Verts villenavais, et leur leader Patrick Nouguès, veulent ouvrir à un maximum
de citoyens. « Car l'intérêt est précisément d'associer les gens à
l'inventaire de leurs besoins. L'énergie n'est pas l'affaire des technocrates
mais de la population. Les Médocains victimes de coupures d'électricité
pendant la tempête auraient sans doute préféré être alimenté par la filière
bois-énergie. Car l'enjeu du débat est de montrer la dimension locale de l'énergie
et les ressources que l'on peut utiliser. Il existe des pistes de production décentralisée
qui sont intéressantes », continue Jean-Pierre Dufour.
La filière-bois. Le
scientifique cite d'abord la co-génération qui a le mérite de produire le
plus d'électricité au moment des pics de pointe, c'est-à-dire en hiver et de
s'arrêter, contrairement aux centrales, en été. Elle est parfaitement adaptée
à ce pays ». Pour l'élu vert, ces énergies renouvelables ne sont pas
anecdotiques : l'Allemagne et l'Autriche comptent 30 % de plus de capteurs pour
le chauffage de l'eau que la France. « La filière bois-énergie a un côté rétro
mais on est sur un mode de réutilisation rationnel. En Dordogne, le conseil régional
a aidé à la mise en place, dans un village, d'un réseau de chaleur qui fait
appel à cette ressource. Elle n'exige pas de gros bois, crée des emplois
notamment pour faire tourner la chaufferie, offre un complément d'activité à
l'agriculteur qui doit éclaircir son bois ».
Jean-Pierre Dufour cite encore l'énergie
solaire encore décriée : « Le produit est cher mais une utilisation généralisée
en réduira les coûts. On invoque aussi son besoin d'espace. Sait-on que si on
voulait remplacer la production électro-nucléaire par les panneaux photovoltaïques,
ils formeraient un toit correspondant à la superficie des autoroutes françaises.
Ce n'est pas si encombrant que ça ! »
Capitalistiques. A
petite échelle, les ampoules d'économie d'énergie consomment 11 watts quand
une ampoule normale en avale 100. Leur durée de vie est plus longue mais elles
sont plus volumineuses et dix fois plus coûteuses. « Mais leur prix baissent
peu à peu », explique Jean-Pierre Dufour qui relève un point méconnu : « Le
nucléaire et les énergies renouvelables ont en commun d'être capitalistiques
! C'est-à-dire que l'essentiel de l'investissement se fait au départ dans
l'outil de production. Pourquoi EDF, qui a emprunté aux banquiers pour ses
centrales et les rembourse sur la note de chaque consommateur, ne ferait-elle
pas la même chose pour un chauffage d'eau solaire ? EDF facture jusqu'au
remboursement de l'emprunt et au bout de dix ans, l'appareil est à l'usager et
l'énergie gratuite. »
Autant d'idées qui seront
évoquées ce mercredi soir au « Petit Trianon » (carrefour du Pont-de-la-Maye)
à 18 h 30. « Explorons », exhorte Jean-Pierre Dufour.