A L'ouest, du nouveau
Grand Bordeaux. --
Le feu vert de l'Etat accordé au grand contournement par l'ouest fait le
bonheur du Département, de la Région et de la Communauté urbaine de Bordeaux
Benoît Lasserre
A L'OUEST, DU NOUVEAU
L'encre du stylo de Gilles de Robien
était à peine sèche qu'Alain Juppé, Philippe Madrelle et Alain Anziani (représentant
Alain Rousset) ont tenu hier matin une conférence de presse pour se réjouir de
la décision du ministre de l'Equipement et des Transports d'autoriser le grand
contournement de l'agglomération bordelaise. Par l'ouest et sur le mode de la
concession autoroutière (« Sud Ouest » du 15 mai).
1 Le
contournement passera par l'ouest Depuis
le 18 décembre, date à laquelle le Comité interministériel pour l'aménagement
du territoire avait qualifié de « prioritaire » le grand contournement de
l'agglomération, en plein grand débat sur l'utilité de cet équipement, la décision
ministérielle était un secret de polichinelle. Tout comme le choix de la
solution par l'ouest (presqu'île d'Ambès et Médoc), souhaité par les
collectivités locales soutenant le projet plutôt que par l'est (Libournais et
Entre-deux-Mers).
Pour Philippe Madrelle, le premier
à avoir réclamé ce grand contournement voici une vingtaine d'années, l'ouest
permet de désenclaver le Médoc, de desservir l'aéroport au profit des
Charentais qui s'en détournent de plus en plus, et de permettre l'intermodalité
avec le transport fluvial pour la presqu'île d'Ambès.
Le grand contournement a pour
objectif de désengorger le pont d'Aquitaine de son trafic international,
notamment routier, et d'alléger le trafic de la rocade où on compte jusqu'à
140 000 voitures par jour. Les études montrent néanmoins qu'à l'horizon 2020,
la rocade, même élargie à deux fois trois voies, restera saturée.
2 Consensus sur le
contournement Ce n'est
pas la première fois que Philippe Madrelle, Alain Juppé et Alain Rousset
(retenu hier à la Foire et représenté par Alain Anziani) tiennent ensemble
une conférence de presse pour évoquer le grand contournement. Chacun a ses
convictions politiques, soulignent-ils, mais quand il s'agit de l'intérêt des
populations et du milieu économique, asphyxié par la saturation automobile,
les étiquettes politiques n'ont plus d'importance.
Hier matin, Philippe Madrelle a même
rendu un vibrant hommage à Alain Juppé qui, en début de mandat, était
hostile à ce grand contournement avant de s'y rallier : « Le grand
contournement, ça fait vingt ans que je le réclame, et si Alain Juppé avait
été là il y a vingt ans, le dossier aurait vu le jour plus vite. » Quant à
Alain Anziani, il a estimé que « quand les collectivités locales marchent
d'un même pas, les dossiers avancent plus vite. »
A noter que les Verts et le PCF
restent farouchement hostiles au grand contournement, ce qui n'inquiète guère
Philippe Madrelle. « Aux dernières cantonales, les candidats socialistes qui
soutenaient le grand contournement ont été brillamment élus. »
3 Mise en service prévue
pour 2012 Pour les élus
présents hier à la conférence de presse, le plus dur a été fait dans ce
dossier contournement avec la décision ministérielle. Les études vont désormais
affiner le tracé du contournement et du pont en aval du pont d'Aquitaine qui
permettra de relier l'A 10 à l'A 63.
Là encore, Philippe Madrelle se dit
serein, du fait que la construction estimée à plus d'un milliard d'euros, et
la gestion seront confiées à une société autoroutière. « Vu le nombre de véhicules
attendus, toutes les sociétés sont déjà sur le pied de guerre pour déposer
les dossiers de candidature. Ce projet ne coûtera pas un centime au
contribuable. »
De son côté, Alain Juppé a rappelé
qu'il ne s'agissait pas d'une Superrocade et qu'il faudrait donc très peu d'échangeurs
pour ne pas développer l'urbanisation. Alain Anziani, enfin, a insisté sur le
souhait de la Région de prendre en compte un futur contournement ferroviaire,
à plus long terme.
« Il y a le calendrier de l'urgence
qui doit venir en aide aux personnes coincées dans les embouteillages, et il y
a le calendrier de l'avenir avec le ferroutage, mais ce n'est pas avant le
demi-siècle prochain », a assuré Philippe Madrelle, pour qui l'ouverture du
grand contournement est raisonnable vers 2012, soit deux ans après celle du
pont levant Bacalan-Bastide, autre ouvrage pouvant délester le pont
d'Aquitaine. « Il y aura bien sûr des recours, reconnaît Alain Juppé, mais
il n'est pas interdit de convaincre les récalcitrants. »
« Les études vont désormais
affiner le tracé du contournement et du pont en aval du pont d'Aquitaine qui
permettra de relier l'A 10 à l'A 63 »
« L'ouverture du grand
contournement est raisonnable vers 2012, soit deux ans après celle du pont
levant Bacalan-Bastide »