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Sud-ouest 03
Decembre 2003 |
Les
Verts neutralisent les camions
GRAND CONTOURNEMENT. --
Opposés au "grand contournement", les Verts mérignacais versent une
proposition spectaculaire au débat : interdire les poids lourds aux heures de
pointe sur la rocade
Jacques Ripoche
« Les Verts
neutralisent les camions »
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La rocade
à Mérignac: les Verts proposent de neutraliser la circulation des
poids lourds aux heures de pointe
PHOTO BERNARD BONNEL
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Les six élus Verts du Conseil
municipal de Mérignac ont décidé d'apporter leur contribution au « débat
public » ouvert jusqu'en janvier 2004 sur le projet de contournement
autoroutier de Bordeaux. Ils viennent d'adresser en ce sens un texte de trois
feuillets à Dominique Payen, le responsable de la Commission particulière.
Hier à l'occasion d'une conférence de presse, animée par Gérard Chausset,
Xavier Svahn, Raymonde Juhel et Jean-Michel Segretin, ils ont justifié leur
prise de position spécifique (le Verts-Gironde intervenant par ailleurs) par le
fait que s'il ne devait exister qu'une seule sortie sur ce que l'on appelle «
le grand contournement », elle se ferait en direction de l'aéroport et donc de
Mérignac.
Sur le fond des choses, ils se déclarent hostiles à ce projet qui, selon eux
« ne vise qu'à favoriser l'expansion des déplacements par voie autoroutière
». Or, pour eux, des solutions à l'engorgement du trafic existent et sont à
rechercher « en utilisant au mieux les infrastructures existantes. »
Le risque de l'étalement urbain.
Ils distinguent deux
types de problèmes: celui de circulation automobile et celui des poids lourds.
Selon leur estimation, s'appuyant sur des données officielles, le trafic des
poids lourds pour impressionnant qu'il soit « n'entre en fait que pour moins de
10% du trafic sur l'agglomération ». Sur cette base, ils considèrent que le
grand contournement n'est pas la réponse la mieux adaptée car il aurait
finalement pour effet d'accroître le trafic autoroutier sans pour autant régler
le problème de la rocade comme certaines études tendraient à le démontrer.
Les Verts mérignacais voient dans
le grand contournement un autre inconvénient majeur en ce sens qu'il
provoquerait « une catastrophe en matière d'urbanisme » car il aurait cette
conséquence d'accentuer « le phénomène dit de l'étalement urbain ». Un étalement
« préjudiciable » pour le contribuable qui assumerait le coût des « équipements
de réseaux, des routes et sous-routes ».
En attendant que l'on se penche sérieusement
sur le développement d'autres moyens que la voiture (transports en commun,
circulations douces) et le camion (ferroutage, merroutage) pour se déplacer et
transporter des marchandises, les Verts versent au débat un certain nombre de
propositions « alternatives ».
Six heures d'interdiction par
jour. La plus
spectaculaire consiste à interdire la circulation des poids lourds sur la
rocade aux heures de pointe, c'est à dire entre 7 heures et 9 h 30 le matin,
entre 16 h 30 et 19 h 30 l'après-midi, soit environ cinq à six heures par jour
de la semaine. Ceci leur paraît raisonnable au regard d'une journée qui dure
vingt-quatre heures et laisse donc au minimum dix-huit heures de disponibles.
Durant les périodes d'interdiction, les poids lourds prendraient leur mal en
patience sur des « zones refuges et d'attente », spécialement conçues à cet
effet « à différents endroits de la rocade et en périphérie ».
La neutralisation des poids lourds
durant ces créneaux horaires serait mise à profit en utilisant la troisième
voie ou la bande d'arrêt d'urgence (là où il n'existe encore que deux voies),
à l'usage exclusif « des transports en commun et des voitures particulières
occupées par au moins deux personnes promouvant ainsi le co-voiturage ». Cette
proposition, précisent les élus mérignacais, s'inspire d'une expérimentation
projetée à Grenoble. Et ils demandent à ce que sa faisabilité soit étudiée.
En conclusion, leur contribution au débat public, « n'est donc pas,
disent-ils, d'offrir des équipements autoroutiers pour que se développe un
mode de transports poids lourds décrié par de nombreux citoyens ou
institutions, mais au contraire d'utiliser de façon rationnelle et économe
l'espace et les infrastructures existantes, afin de promouvoir un développement
durable de l'ensemble de l'agglomération. »
Les Verts mérignacais qui ne manquent pas d'un certain humour, revendiquent
leur démarche, cela s'imposait, comme étant celle de « la troisième voie »!