Les
verts contre la super-rocade
GRAND BORDEAUX. --
Ils qualifient de « non-assistance à personne en danger » le feu vert
ministériel
Benoit Lasserre
« Les verts
contre la super-rocade »
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Les
Verts prédisent que la super-rocade entraînera une urbanisation en
tache d'huile, comme la rocade dans les années 70
PHOTO ARCHIVES NICOLAS LE
LIEVRE
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LGilles de Robien a donné son feu
vert et ce sont les Verts qui s'enflamment. Pour Pierre Hurmic, président du
groupe des Verts à la mairie de Bordeaux, la décision du ministre des
transports d'autoriser le grand contournement autoroutier de l'agglomération
bordelaise est « absurde et dangereuse ». L'élu écologiste va même plus
loin en parlant de « non-assistance à personne en danger ». « Comment
peut-on laisser construire une telle infrastructure routière quelques semaines
après que des études scientifiques ont démontré que la pollution de l'air
due aux émanations de gaz d'échappement ont provoqué en 2002 le décès de
milliers de personnes ? »
Que le tracé soit par l'ouest ou par l'est laisse les Verts indifférents. Ce
qui compte pour eux, c'est que ce nouvel équipement autoroutier va constituer
un nouvel appel d'air pour les voitures et surtout pour les camions qui
traversent l'agglomération dans leur transit nord-sud. « Les grands élus qui
réclament et soutiennent ce projet, à savoir Philippe Madrelle, Alain Juppé
et Alain Rousset, soulignent que le ferroutage n'est pas encore prêt, mais il
ne risque pas de l'être de sitôt avec des élus qui n'ont pas la volonté
politique de le faire avancer et qui, surtout, accordent la priorité à la
route. L'idée de créer un contournement ferroviaire à côté du contournement
autoroutier est un leurre. S'il y a le choix entre la route et le fer, c'est la
route qui l'emportera toujours, affirme Pierre Hurmic. Le report modal doit se
faire au détriment de la route, sinon ça ne sert à rien. C'est un choix
politique à effectuer. »
« Tache d'huile ». Autre
argument évoqué par Simon Charbonneau, l'un des principaux détracteurs du
grand contournement : « La mise en service de cet équipement est prévue à
l'horizon 2012, c'est-à-dire une époque où, selon les experts, le prix du pétrole
se sera envolé. On va construire des infrastructures qui ne serviront sans
doute à rien. » Remarque que balaie Philippe Madrelle, le président PS du
Conseil général, pour qui « l'ingéniosité de l'homme permettra de suppléer
la raréfaction du pétrole. On n'a pas fermé les routes quand le cheval a cessé
de transporter les gens. »
Pour les associations et les Verts, le contournement autoroutier pose également
des problèmes urbains. « Alain Juppé assure qu'il ne s'agit pas d'une
super-rocade avec des échangeurs, explique Pierre Hurmic. Mais comment les
maires des communes traversées pourront-ils rester immobiles à regarder passer
les camions ? Ils demanderont des compensations avec des échangeurs, ce qui
entraînera une urbanisation en tache d'huile comme cela s'est produit avec la
rocade dans les années 70. Ce qui fait qu'aujourd'hui il y a des milliers de
voitures prises dans les embouteillages. » Et Pierre Hurmic de rappeler
qu'Alain Juppé était encore hostile au grand contournement en 1998 avant de se
rallier au combat de Philippe Madrelle.
Si UMP et PS se situent sur la même longueur d'onde à propos du grand
contournement, il n'en est donc pas de même au sein de la gauche, Verts et
communistes étant hostiles à ce projet. Noël Mamère encourage d'ailleurs les
conseillers régionaux Verts à manifester leur hostilité au grand
contournement en ne votant aucune ligne budgétaire qui lui serait dédiée.