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Sud-ouest 27 Février 2003 |
Débordements
tous azimuts
CONSEIL MUNICIPAL.--
Les risques d'inondation ont fait se déverser des flots de paroles
Dominique Manenc
Débordements tous
azimuts
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Manifestation.
Deux associations de riverains ont défilé avant d'arriver à la mairie
pour assister au conseil municipal
PHOTO DANIEL ANDRAUD
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Ce fut un conseil-fleuve. D'abord
parce qu'on a beaucoup parlé de la Garonne et des risques de crues et
qu'ensuite les interventions ont coulé à flots. C'est une lettre, distribuée
aux conseillers municipaux par deux associations de riverains, du Bourg et
d'Hourcade, qui a fait déborder le vase. « Pourquoi un élu peut-il prendre
autant de risques en autorisant la construction de logements et d'écoles dans
une zone inondable alors qu'aucun expert ne peut prévoir ces catastrophes qui
font aujourd'hui des victimes ? ». Les auteurs du courrier, qui, faute de
places assises, sont restés debout et stoïques à l'entrée de la salle,
quatre heures durant, étaient arrivés à la mairie après avoir défilé dans
les rues de la ville pour demander une vraie concertation au maire sur le projet
territorial (notre précédente édition). Le vert Patrick Nouguès se fait leur
porte-parole, puisqu'ils ne peuvent la prendre et propose de lire leurs
revendications. Patrick Pujol le coupe, expliquant qu'une date de rencontre a déjà
été fixée au 10 mars prochain et que, comme tout le monde a le document entre
les mains, il va gagner du temps en répondant point par point.
La mémoire des anciens. «
Vous avez dit zone inondable ? », s'énerve le maire. « Où sont-elles ?
montrez-les moi ». C'est le socialiste Silvère Dutil qui se dévoue pour aller
au tableau noir, ou plutôt vers l'écran sur lequel s'étale une carte de la
ville : « J'ai interrogé les services de l'Etat qui m'ont fourni les relevés
des crues depuis 1891. A Cadillac, celle du 6 mars 1930 arrive à 11,77 m. En décembre
1981, à plus de 10 m. Les services estiment qu'à Courrejean, pour ce même événement,
l'eau serait montée à 5,40 m, selon les normes NGF ». Pour faire bref, l'élu
arrive à la conclusion qu'une partie du secteur de la Plantation, par ricochet,
écoperait : « Les anciens qui ont de la mémoire pourront vous rappeler les
nombreux moment où ils ont eu les pieds dans l'eau. Tout peut se reproduire !
On n'imaginait pas cela à Vaison-la-Romaine, dans l'Aude ou le Gard. Pour moi,
les gravières sont un leurre qui n'empêcheront rien ! ».
Deux arrêtés préfectoraux. Patrick
Pujol avait prévu le débordement et déploie une artillerie de transparents
pour prouver que toutes les mesures de sécurité ont été prises : « Des
solutions compensatoires ont été adoptées lors de l'aménagement d'Hourcade
et ont été validées par deux arrêtés préfectoraux du 10/4/97 et du
31/07/01. Le projet de village de la Plantation est hors d'eau. On ne construit
pas dans des zones inondables. Quel serait l'intérêt d'un maire de le faire à
moins d'être fou ? ».
Au milieu d'une intervention qui s'éternise,
le communiste Jean-Claude Laulan clôture ce chapitre en se contentant de poser
prudemment la question : « Ce domaine est-il inondable ou non ? Si les
catastrophes récentes sur le territoire national conduisaient le futur plan de
prévention des risques d'inondation à être plus contraignant, les
dispositions villenavaises rentreraient-elles dans ce cadre ? ».
Le sujet, on peut le parier, fera
encore couler beaucoup d'encre.