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Sud-ouest 31 Janvier 2005 |
Natura
2000 : la liste des sites enfin dévoilée
ENVIRONNEMENT. --
Après des années de tergiversations, une liste des sites Natura 2000 est
enfin validée. Problème : elle est insuffisante. Bruxelles demande de
relancer le processus de désignation
: Marie-Claude Aristégui |
Le ministre a récemment donné ses instructions aux préfets pour relancer le processus de désignation des sites Natura 2000, dans le but de « stabiliser un réseau suffisant et cohérent, issu des directives oiseaux et habitats ».
Rappelons qu'il s'agit ainsi en résumé de définir des sites devant bénéficier de mesures particulières afin de conserver les habitats naturels, protéger la faune, la flore sauvage et faire en sorte que les oiseaux puissent se reproduire.
En soi, tout cela est très louable. Mais dès le départ, l'affaire a tellement été mal présentée que dans nombre d'endroits, la simple évocation de Natura 2000 suscite une levée de boucliers. Et depuis plus de dix ans maintenant, ce dossier revient régulièrement sur le tapis sans vraiment aboutir.
Toutefois, après des années de réunions, de concertations, de protestations... une liste de sites a tout de même été validée (lire ci-contre).
Il en manque quatre. Le problème, c'est qu'il faut encore en trouver d'autres (en Gironde, trois relatifs à la protection des oiseaux et un concernant l'habitat naturel). La procédure est donc relancée : désignations, réunions avec les élus, etc.
Et le temps presse, paraît-il, car « Bruxelles » pourrait pénaliser les régions désobéissantes en suspendant les fonds structurels. Cela dit, la menace n'est pas nouvelle et, pour l'instant, elle n'a jamais été mise à exécution.
La difficulté principale vient du fait que les élus et les protestataires en général craignent que les sites choisis soient transformés en sanctuaires dans lesquels toute activité humaine relèverait du sacrilège.
Bien que des explications rigoureuses n'aient jamais été vraiment fournies, a priori, il ne devrait pas en être ainsi. « L'Europe », rappelle le préfet Alain Géhin, a toujours dit que les interdictions ne seraient pas draconiennes, qu'il n'était pas question de « fossiliser » les sites. C'est ce qu'on appelle maintenant « le développement durable ». Une terminologie abstraite pour exprimer en quelque sorte la nécessité de maintenir l'activiter économique sans pour autant dégrader l'environnement.
L'estuaire, toujours un problème. Que le banc d'Arguin par exemple soit inscrit dans le réseau n'a guère d'importance, ni même de sens : ce site bénéficie déjà de toutes les protections, à juste titre.
En revanche, le classement de l'estuaire est bien plus ennuyeux. « Au plan local, nous nous en tenons à la décision de février 2002 », assure le préfet de Région. A son avis, les impératifs écologistes doivent être compatibles avec les intérêts économiques et, en conséquence, le chenal et les zones de gravière doivent être exclus du zonage Natura 2000. « Mais Bruxelles veut les gravières et les chenaux », ajoute Alain Géhin : « J'avais demandé à la Commission de venir voir l'estuaire de la Gironde, mais cela ne s'est pas fait, et aucun autre rendez-vous n'a été fixé. »
De son côté, et toujours à propos de l'estuaire, le président du Port autonome, Michel Sammarcelli, a encore de l'espoir, mais il se dit très préoccupé : « C'est toujours le flou artistique... Nous nous sommes tous battus, le Conseil régional, le Conseil général et la mairie de Bordeaux pour que l'activité du port soit maintenue. Mais si on ne peut plus draguer pour maintenir la profondeur du chenal afin que les gros bateaux puissent venir, qu'on nous le dise ! »
Le classement de l'estuaire est bien plus ennuyeux