Le Promoteur dans
le collimateur
DOMAINE DE LA PLANTATION
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Eric Bez s'est invité au débat des Verts consacré à son projet largement contesté
et qui fait l'objet de plaintes pénales
Dominique Manenc
DOMAINE DE LA
PLANTATION.
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Salle
Brel. Simon Charbonneau et Pierre Hurmic ont paraticipé au débat
animé par les Verts Patrick Nouguès et Jean-Pierre Dufour.
PHOTO DANIEL ANDRAUD
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A sa façon, il fut le héros de la
soirée. Eric Bez, au centre du débat sur l'urbanisme presque essentiellement
consacré au domaine de La Plantation, savait qu'il ne comptait guère d'amis
dans la salle. A commencer par Simon Charbonneau, professeur spécialiste du
droit à l'environnement, qui le salua avec panache : « Vous êtes courageux d'être
venu ! ». Les amis de l'universitaire, réunis au sein d'Aquitaine
Alternatives, ont en effet déposé deux plaintes pénales contre le promoteur,
l'une en 2001, la seconde en septembre 2002, assortie d'une constitution de
partie civile, auprès du doyen des juges d'instruction. Le président de
l'association, Dominique Nicolas, venait de décortiquer devant le public, invité
par les Verts locaux à la salle Jacques Brel, les quatre griefs reprochés au
propriétaire de ce terrain de 200 hectares, sur lequel il a implanté un parc
d'affaires et envisage d'y faire un golf et un village de 1 500 logements. Ce
projet nourrit la controverse, car il est situé dans une zone d'intérêt écologique
de régulation et d'absorption des crues : « Il est illégal de A à Z »,
tonne Dominique Nicolas.
Délits en série. «
D'abord, parce que, pour accueillir la zone commerciale, on a asséché et
remblayé cette zone humide sans autorisation. Que l'on ne brandisse pas les arrêtés
préfectoraux de 1997 et 2001 qui concernent seulement la mise hors d'eau de la
plate-forme d'Hourcade et non La Plantation ! Aucun dossier sur le domaine n'est
passé en enquête publique ni devant le conseil d'hygiène et de sécurité. On
justifie des habitudes de délinquance écologique par des motifs économiques !
Ce délit coûte jusqu'à 75 000 E d'amende et de la prison ! ».
Il reprend des arguments identiques
pour le golf qui « aurait nécessité une étude d'impact car il demande
beaucoup d'eau, de l'engrais, des produits chimiques qui iront dans le fleuve...
». L'opération immobilière maintenant. Aquitaine Alternatives estime que le
permis de lotir de 93 est caduque puisque les constructions (notamment du parc
d'affaires) auraient du démarrer dans les 18 mois qui suivent et s'achever dans
un délai de trois ans. Ce qui n'est pas le cas...« Les préfets devraient
exercer le contrôle de légalité plus souvent. Il est vrai qu'ils ont horreur
de violer les élus », lâche Simon Charbonneau.
Le quatrième reproche vise
directement Eric Bez. « Il est le promoteur du projet alors qu'il est frappé
d'une interdiction de gérer ! ».
« Gérez ce marécage comme tel
! » Ce qui inquiète les
Villenavais, c'est bien sûr la construction de ces 1 500 logements. Pierre
Hurmic, avocat et élu vert, assène : « Pour créér un village de 5 000
habitants, ex-nihilo, on se doit d'être exemplaire. On se rend compte ici qu'un
certain nombre de textes de droit de l'urbanisme ont été violés. C'est grave
de construire là. C'est un urbanisme imbécile ! ». L'urbaniste Marie-Claude
Noël assure que ce projet néglige l'intérêt public : « Il n'est pas
strictement nécessaire à la commune et va concentrer l'urbanisation dans un
secteur avec du locatif privé en T1 et T2, d'après le rapport de l'agence
A'Urba de décembre 2001 ».
Un Cadaujacais exprime ses craintes
: « Ces remblaiements auront des conséquences sur deux lotissements de notre
commune voisine qui risque d'être inondés ! ». Une responsable associative
villenavaise s'insurge : « On voit ce qui se passe ailleurs et on continue. On
ne se taira pas et il n'y aura jamais de construction là ! ».
Un autre supplie Eric Bez : « Vous
avez acheté un marécage, gérez-le comme tel ! ».