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Sud-ouest 26 Fevrier  2004

 

Voie libre aux permis sur la Plantation


Plantation. -- Le maire fait appel du jugement prononçant la caducité du permis de lotir du domaine. Et continuera à délivrer les permis de construire


Dominique Manenc

Voie libre aux permis sur la plantation
: Dominique Manenc 
 

Mardi soir, en conseil municipal, le maire de Villenave-d'Ornon, Patrick Pujol, a confirmé son intention de faire appel du jugement du tribunal administratif du 21 octobre 2003 qui prononçait la caducité du permis de lotir du domaine de La Plantation et par conséquent l'impossibilité de délivrer tout permis de construire suite à un recours déposé par Aquitaine Alternative. « L'appel n'étant pas suspensif, il fallait trouver des solutions pour continuer d'accueillir des entreprises sur cette zone », a-t-il annoncé en accusant les Verts locaux, proches de l'association écologiste, de vouloir freiner le développement économique de la commune.



Le projet d'Eric Bez défendu par le maire de Villenave-d'Ornon
PHOTO ARCHIVES LAURENT THEILLET

Patrick Pujol a donc trouvé la parade : « Le règlement d'urbanisme du lotissement aurait dû être renouvelé au bout de dix ans d'existence, donc avant décembre 2003. S'il l'avait été, et comme il était lié au permis de lotir désormais caduc, nous n'aurions rien pu faire. Or, il n'y a plus de règlement, plus de permis de lotir, et de ce fait, nous pouvons instruire les demandes de permis de construire en fonction du plan d'occupation des sols actuel plus souple et du cadastre ». De manière implicite, le maire de Villenave-d'Ornon estime donc que toute cette procédure n'a pas servi à grand-chose. « Je fais appel, simplement pour le principe ».

Neuf millions réclamés. Dominique Nicolas, président d'Aquitaine Alternatives, ne se laisse pas démonter par la nouvelle : « Le maire ne veut pas perdre la face mais c'est un subterfuge juridique qui ne tient pas la route. Sinon à quoi servirait un permis de lotir ? Rien ne lui interdisait d'en délivrer un autre. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? Quelque chose l'en empêche. Sans doute le PPRI (Plan de prévention des risques d'inondations) qui est toujours en gestation à la CUB ». Le président de l'association écologiste n'est pas prêt de lâcher prise, au contraire, d'autant plus qu'une flopée de plaintes croisées maintient ce dossier en permanence sous les feux de l'actualité. C'est ainsi que le 23 mars prochain, le tribunal administratif doit examiner les recours déposés par Aquitaine Alternatives contre six permis de construire concernant La Plantation.
Une démarche de plus qui a suffisamment contrarié Eric Bez, le propriétaire du domaine, pour assigner devant le tribunal d'instance tout le bureau de l'association et deux Verts villenavais, pour « entrave au développement économique d'une société par des recours abusifs contre les permis de construire ». Et il réclame à ces derniers, au titre de préjudice, pas moins de 9 millions d'euros, y compris sur leurs biens personnels : « De l'intimidation pure », balaie le défenseur de l'association, Pierre Hurmic. « Je ne vois pas ce qu'il leur reproche car c'est le tribunal administratif et non pas Aquitaine Alternatives qui a arrêté le projet de La Plantation ».


Agrément conservé. Il y a eu encore ce référé introduit le 5 janvier dernier par Eric Bez contre Aquitaine Alternatives, pour tenter de faire retirer à l'association son agrément de protection de l'environnement.
Demande immédiatement rejetée par la justice : « Cet agrément nous a permis de nous constituer partie civile au pénal pour porter plainte contre le domaine de La Plantation en ce qui concerne l'assèchement d'une zone humide sans autorisation préfectorale, la création d'un terrain de golf sans autorisation, la poursuite d'une opération immobilière en dépit de la caducité du permis de lotir et celle d'un projet immobilier mené par une personne frappée d'interdiction d'exercer », rappelle Dominique Nicolas.
Les Verts et leurs alliés écologistes souhaitent conserver son caractère de zone humide à ce domaine qu'ils aimeraient voir inscrit dans la liste des sites Natura 2000. Les Verts villenavais plaident aussi pour y créer des espaces naturels à vocation pédagogique, sportive, sociale ou ludique. Et surtout permettre aux promeneurs de se réapproprier les bords de Garonne en prolongeant sur les rives le chemin de halage commencé chez le voisin béglais.


:: En savoir plus  
  « Le donneur de leçon béglais » .......
     
Le maire de Villenave-d'Ornon n'a trouvé aucune trace de zone humide sur les cadastres des XIXe et XXe siècles. Au cas où elle ait pu exister, il s'empresse de demander à son opposition écologiste par quel miracle elle se serait arrêtée aux frontières béglaises : « Là où les remblaiements effectués pour accueillir des entreprises n'ont perturbé ni Aquitaine Alternatives ni les Verts villenavais ». Alors, qu'est-ce qui fait la différence ? interroge Patrick Pujol : « Le député-maire vert de Bègles, défenseur de l'environnement et donneur de leçons sur le principe de précaution ? Comment se fait-il que personne n'ait jugé bon de soulever le problème des remblaiements sans solution compensatoire pour la commune voisine ? » Patrick Pujol rappelle que les terrains en bordure de Garonne servaient dans le temps, sur Bègles et sur Villenave, de zone d'expansion des crues : « A la différence de nos voisins béglais, nous avons pris des mesures accompagnant les remblaiements des terrains de notre zone économique en réservant 110 hectares pour l'accueil des eaux de débordement du fleuve et en faisant construire deux portes à flots. Autant d'éléments qui n'ont pas été pris en compte chez notre voisin vert. Mais nous n'en sommes pas à une contradiction près ! »

 

 

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